Mes doigts tapotaient avec agacement sur le dernier verre que je venais de vider. Je levais la main avec nonchalance pour signaler à la serveuse que je souhaitais être resservi. Cette dernière me fit les gros yeux, me lançant un de ces regards qui signifiait « c’est déjà votre troisième verre en cinq minutes, et je vous le fait remarquer car je suis une chieuse. » Je poussai un grognement et quittais le bar, jetant ma veste par-dessus mon épaule. C’était franchement pas marrant ici. En plus, la musique était nulle. Je me dirigeais donc vers un autre coin sympa dont j’avais connaissance, espérant y croiser quelques têtes familières. J’étais un habitué des lieux maintenant, et faute d’y trouver des personnes avec qui j’avais déjà passé quelques soirées, je pourrai donc toujours glander à côté des serveuses. Celles-ci sont sympas, au moins.

Je poussais la grande porte battante qui donnait accès à la salle, sous l’œil inquisiteur du videur de boîte. Ce constat me fit sourire : on avait imité les moldus pour créer une « discothèque » sur le Chemin de Traverse, engageant même de gros nounours comme lui pour maintenir l’ordre, histoire de rendre cela encore plus réel. Cet aspect sélectif avait attiré beaucoup de sorciers, qui se retrouvaient agglutinés devant les portes du bâtiment les weekend, avides de voir si leur tenue leur permettait de passer les portes de la boite de nuits pour sorcier - ce qui n’était franchement pas difficile, d‘où mon incompréhension face à toute cette excitation. Après quelques pas à l’intérieur, et le temps de m’accommoder à la lumière aveuglante des rayons verts et bleus qui fusaient un peu partout dans la large pièce - une autre invention piquée aux moldus, décidément - je repérais un groupe d’amis installés dans des fauteuils de cuir noir, autour d’une table basse. Je les rejoignais et me laissais tomber à la place que venais de me faire une blonde dont je ne me rappelais plus le nom, grommelant un merci. Je commandais un whisky pur feu, et entrepris de saluer le groupe rassemblé à la table.

 - Allez, ça va être hyper marrant! Que Jeff, un ami assis à côté de moi ne cessait de répéter depuis tout à l’heure. Il y a tout un tas de manèges, et ça ne se casse jamais! Enfin presque, j’avais lu un truc là-dessus à propos de montages prusses..
- montagnes russes, Jeff, avais-je corrigé d’un air absent.
- ouais, comme il a dit ! renchérit le jeune homme. Et ben les rails sur lesquelles vont les wagons de ce manège s’étaient cassées une fois, et les gens avaient été précipités dans le vide.. Mais bon c’est rare, et puis si ça arrive, on pourra toujours transplaner.. 

Je regardais avec amusement la tête que tirait ma meilleure amie, assise en face de moi. Elle l’avait dévisagé deux bonnes minutes. Le temps que la fin de sa cigarette se consume. Puis, elle en tira une autre de son paquet.
- Non. 

C’est à ce moment là - oui, pendant que Jeff nous faisait un grand discours en clamant que c’était son anniversaire, et que par conséquent il allait acheter des billets pour ce super parc d’attractions et qu’on serait bien forcés de le suivre - que j’aperçu la silhouette de Samuel se détacher de la masse de gens regroupés sur la piste de danse, sautant dans tous les sens sur une vieille musique des Bizzar’ Sisters. Je fis signe au jeune homme depuis mon siège, espérant qu’il me remarque malgré la foule et ces stupides rayons.

Profiter des joies des soirées londoniennes, c’étaient sans doute ce que Samuel préférait dans son statut d’étudiant. De par son rôle de capitaine de Quidditch, il n’en abusait toutefois pas, préférant, et de loin, se concentrer sur ses prouesses sportives, que sur ses prouesses de fêtard ! Ca n’empêchait toutefois pas le séduisant blond de sortir se détendre dès que possible. Et là, en l’occurrence, il avait bien envie de se détendre un peu, d’oublier ce fichu sortilège qui avait enchaîné sa vie à celle de Phoebe. Et dont le revers de la médaille, du fait de leur éloignement, était un affaiblissement régulier, et de plus en plus puissant. Samuel avait donc décidé que, quitte à être fatigué à cause d’une fille, autant que ça soit pour une bonne raison... C’est ainsi qu’il avait décidé de sortir, pour élargir son terrain de jeu, après tout la plupart des filles qui l’intéressaient un minimum, à Miller, étaient déjà passées dans son lit... Certes, avec un peu de volonté, il pouvait bien en dénicher une ou deux qui étaient potables, mais il voulait vraiment sortir, se changer les idées, et voir du monde, surtout. Des gens qui n’étaient pas de Miller, ça pouvait être vraiment sympa, ça !

Samuel n’avait eu aucun mal à trouver des amis pour l’accompagner. Certes, sortir seul ne l’aurait pas déranger, mais ne dit-on pas que « Plus on est de fou, plus on rit ? ». C’est ainsi que le petit groupe se rendit dans un établissement se trouvant sur le Chemin de Traverse, une boite de nuit apprécié par les jeunes sorciers, et qui était même réputé pour attirer des sorciers venant des quatre coin du monde. En effet, la dernière fois que Samuel s’y était rendu, il y avait rencontré une ravissante espagnole et une sublime brésilienne. Incapable de choisir avec laquelle il voulait passer la nuit, il avait préféré ne pas choisir, et était donc rentré avec les deux. Quand je dis que, quitte à se fatiguer pour une fille, il préfère le faire pour une raison valable, je n’invente rien !

Rentrer dans la discothèque fut une formalité pour le groupe d’étudiant, qui se dispersa à l’intérieur assez rapidement. Samuel alla danser, repérant ainsi les filles qui en valaient la peine, allant même parfois jusqu’à les aborder, sans pour autant tomber dans le cliché du mec lourd, il savait y faire avec les filles, tout de même ! C’est au cours d’une danse qu’il fit la rencontre d’une charmante suédoise, réellement magnifique, aux allures de mannequin. Mais, car oui, il y avait un mais... L’haleine de la belle semblait provenir tout droit d’une baleine... Ce qui fut suffisant pour refroidir notre jeune ami. Ce fut donc avec une moue dégoûtée sur le visage qu’il s’éloigna de la charmante jeune femme à la mauvaise hygiène. Il était plus qu’urgent que Samuel aille s’acheter à boire pour s’enlever l’arrière-goût des baisers nauséabonds. Evoluant tant bien que mal parmi la foule de danseurs regrouper sur la piste, Samuel tâcha de rejoindre le bar. Il venait enfin de s’extraire de la foule lorsqu’il se mit à fouiller la salle pour voir le bar, et jauger ainsi du temps d’attente pour avoir une boisson. C’est ainsi qu’il en vint à remarquer une main qui s’agitait, dans son champ de vision. Plissant les yeux, il tourna alors la tête pour voir ce qui se passait. Un sourire étira ses lèvres lorsqu’il reconnu Kim. Levant une main à son tour pour répondre à son signe, Sam lui fit ainsi comprendre qu’il se rendait d’abord au bar avant d’aller le saluer. Ce qu’il fit immédiatement, malgré l’attroupement se trouvant autour du comptoir. Avec un grand sourire, le jeune homme commanda un verre de vodka, précisant qu’il voulait de la vraie vodka russe, et non une boisson infâme comme on pouvait en trouver dans tous les cafés minables de Londres... Le barman sembla assez énervé par cette demande, mais Samuel ne changea pas d’avis, malgré le fait qu’il ait vanté le mérite des autres vodkas.

C’est donc avec un verre de vodka russe que Samuel se dirigea vers la table qu’occupait Kim. Arrivé vers la table, il salua le groupe d’un signe de tête, car même s’il ne connaissait que Kim, il n’en perdait pas ses bonnes habitudes ! Il se tourna par la suite vers son ami, pour lui dire, avec un grand sourire : « Tu vois la jolie blonde en robe rouge, vers le bar ? Evites-la, sérieusement... Ou alors, files-lui un bonbon à la menthe avant... » Oui, je sais, Sam est un véritable con*ard, mais lui, il voyait les choses autrement : il rendait service à un ami. « M’enfin », dit-il se s’installa autour de la table, « quoi de neuf ? » Attendant une réponse, il se mit à boire. Oui, il s’était invité, et alors ? S’il dérangeait, on pouvait le lui dire. Après, pas sûr qu’il parte... En effet, croiser Kim en soirée était synonyme d’une chose : fun. Les deux comparses avaient pour habitude de soit se lancer des défis de drague, soit tâcher de cumuler le plus de conquêtes en une soirée, ce qui pimentait souvent la soirée.